jeudi 30 avril 2009

LA PRESSE EN PARLE

Aujourd'hui Armelle Héliot dans le FIGAROSCOPE : Sophie Lecarpentier est une artiste dont on aime depuis longtemps la finesse et la sensibilité. Avec neuf de ses camarades (certains en alternance, tous doués), elle nous offre un spectacle vif et enjoué qui est une célébration merveilleuse, brillante et drôle de l'art du jeu. Ici, comme dans Marivaux, que l'on répète, l'amour, le hasard, la jalousie, les mensonges calculés et les aveux trop spontanés ont des irisations de pluie d'été. C'est superbe. Plein de grâce et d'esprit. Et si enlevé ! A.H. 

_______ REVUE DE PRESSE _______
actualisée dans les commentaires ci-dessous

11 commentaires:

la troupe: a dit…

"Un spectacle-confidence très subtil"
Bel article de SARA ANEDDA qui nous place en tête de son TOP NUMERO 1 DU THEATRE: http///www.letopnumero1.com

la troupe: a dit…

Extraits de THEATRORAMA, publié par BENJAMIN GOLDENBERG dans Théâtre le 04 mai 2009:

"L’invitation en coulisse est bien trop belle pour être refusée et l’on se laisse joyeusement happer hors des limites de la scène pour goûter, sans retenue, au bonheur de la naissance d’un spectacle. Une heure de pur ravissement scénique et cynique, où le marivaudage côtoie le comique des répétitions…"
"Ce tour de passe-passe théâtral est magnifiquement réussi, l’ensemble de la troupe s’amusant avec beaucoup d’intelligence tant avec le classicisme et la beauté du texte original, qu’avec le jargon théâtral. La mise en scène arrive à recréer l’effervescence de la mise en place d’un spectacle tout en offrant au spectateur des fidèles aperçus de la pièce qui est montée devant nos yeux."
"Le jeu de l’humour et du bazar (...) crée une ambiance de « joie imprévue » et l’on s’amuse à être dérouté par l’histoire, tout en essayant de distinguer le vrai du faux. Et c’est là que la magie opère autour de la création du décor d’un appartement « deux pièces ». Dès lors, on se délecte des nombreuses situations cocasses et comiques tout en partageant, sans difficulté, la passion pour l’art de la représentation dramatique qui anime les artistes. L’humour est fin et plein d’autodérision, chacun essaye comme il le peut de défendre son personnage et de se faire une place à la lumière. L’originalité ne s’arrête pas à l’idée de départ, mais est bien transfigurée dans une forme unique. La didascalie et les apartés n’ont jamais autant trouvé leur place sur scène…"

la troupe: a dit…

"Marivaux, avec ses rebondissements et ses déguisements, se prête bien à l’entreprise imaginée par la metteuse en scène Sophie Lecarpentier. Comme elle l’explique elle-même à sa troupe de comédiens : Marivaux, cela doit se jouer enlevé. Forte de ce principe, elle a conçu un spectacle qui démarre pied au plancher et ne baisse pas de rythme jusqu’à la fin. L’énergie juvénile des comédiens fait le reste. Deux mois de répétition condensés en une heure dix : le pari était osé, et l’intérêt ne faiblit pas. Le spectateur ressent une vraie curiosité en découvrant ce qui d’habitude lui échappe : les rouages de la machine théâtrale.



L’intérêt premier de ce spectacle est ainsi de montrer la vie d’une troupe dans ses aspects les plus concrets, de mettre en évidence la dimension collective et « artisanale » du travail. Les techniciens traversent à l’improviste le plateau. Le régisseur intervient derrière le public. On essaie des costumes : c’est parfois réussi, parfois moins (rires garantis). Il en va de même pour les « propositions » des comédiens. Le comique, d’abord discret, se précise à mesure qu’on apprend à les connaître. L’esprit de Marivaux s’emparant progressivement de la troupe, la pièce se transforme graduellement en une comédie à part entière, dont le point culminant est la scène du filage technique, très réussie.
Autre ingrédient indispensable : un sens bienvenu de l’autodérision, sans lequel le spectacle risquait de sombrer dans la complaisance. On rit ainsi de la vanité des comédiens, tous persuadés que leur rôle est le plus important de la pièce, ou qui se gargarisent de grands mots qu’ils maîtrisent mal, ou encore de leurs lubies ridicules (le petit chien !)."
Fabrice Chêne LES TROIS COUPS

la troupe: a dit…

Construit de manière linéaire, le spectacle joue sur la compression du temps qui tantôt se
dilate pour laisser une scène se déployer, tantôt s’accélère en une succession d’arrêts sur
image. De temps à autre, le fil est interrompu pour un gros plan sur un des acteurs qui
défend son rôle dans la pièce de Marivaux à l’intention du public. Rien n’est oublié de tous
les petits détails qui font le quotidien du travail et qu’il est impossible de théoriser. Le théâtre
reste la seule manière d’en rendre compte. Ainsi on découvre tout ce qu’on a toujours voulu
savoir sur le laboratoire des spectacles, les tâtonnements, les encouragements, les
découragements, les coups de mou, les disputes, les petites histoires et les rivalités entre
acteurs, les rapports de force, d’amitié, d’amour. Les relations très affectives entre les
acteurs et le metteur en scène, parfois tendues entre les artistes et les techniciens. On voit
comment le puzzle se met en place de manière chaotique, fragile dans une tension
générale qui confine à l’hystérie collective quand l’échéance approche. Il faut tout gérer en
même temps, surtout quand on est une petite production, la mise en scène, le décor, les
costumes, la technique, et les crises en tout genre.

Au passage, on y apprend le sens de
termes techniques, la signification de "cour" et "jardin", qu’une servante n’est pas une
domestique mais une lampe laissée allumée après la fermeture du théâtre ; qu’une italienne
est un exercice qui consiste à dire le texte le plus vite possible pour le mettre en bouche.
Quand tout est fin prêt pour le grand soir, le public est ému d’avoir été mis dans la confidence et d’avoir assisté à la gestation et à la naissance du bébé. Enfin telles que l’illusion théâtrale nous les a présentées. Les difficultés et les efforts se sont effacés pour ne laisser voir que le plaisir du jeu. Tout ceci est bien observé et joliment écrit, avec légèreté,
justesse et humour, au bord de l’autodérision sans jamais tomber dans la caricature et les acteurs sont tous épatants. Une comédie généreuse, sans prétention et bien enlevée.
Corinne Denailles WEBTHEA.COM

la troupe: a dit…

Extrait du Blog de MARIE ORDINIS :
"La metteur en scène, fée tutélaire et maternante à l’énergie considérable mais à la présence légère régit tout. Depuis la salle les techniciens responsables des éclairages, régisseurs et autres, interviennent, bondissant sur scène s’il le faut . Ca dialogue, ça se répond, ça re-bondit sur scène et interviennent, se peaufinent de plus en plus de réglages. Et nous autres, cernés, nous nous sommes rendus depuis longtemps. Et de rire encore tant c’est cocasse, tendre mais techniquement plus que millimétré, même si le naturel semble toujours primer. Et tout cela sans jamais la moindre concession à un certain piteux ‘goût du jour’. Installée à une table avec sa lampe, au rang dit « l’œil du prince » Sophie Lecarpentier, responsable de tout est la « metteuse », la meneuse de jeu . Dans sa note d’intention, commentant le spectacle qu’elle met en scène et dirige avec une efficacité et un humour étourdissants , elle parle d’art, d’artisanat et de ce travail aussi intense qu’insensé qu’ est celui du comédien ( genre sportif forcément « de haut niveau »). Après avoir ‘cartonné’ à Avignon et tourné en France, ce spectacle d’une qualité rare sera donné pour la centième fois au Théâtre 13 le 6 juin. Vous l’aurez vu et adoré avant et surtout vous en aurez parlé aux gens que vous aimez et même aux autres n’est-ce pas ? "
http://marieordinis.blogspot.com/

Jérôme GUICHARD a dit…

http://www.lemagazine.info/?Le-Jour-de-l-italienne

par Amélie Moynot

Plongez dans les coulisses du théâtre en assistant aux répétitions d’une pièce de Marivaux par la compagnie Eulalie. Un spectacle dirigé par Sophie Lecarpentier et présenté au Théâtre 13 à Paris. Hilarant !

Le saviez-vous ? La « gélatine » n’est pas seulement une gelée alimentaire à base de protéines et d’eau, mais aussi un filtre placé devant un projecteur pour moduler la lumière sur une scène. Un « double take », ce n’est ni le fait de se resservir deux fois d’un plat, ni une combinaison de poker inédite, mais le double mouvement de tête par lequel un comédien peut exprimer la surprise... Quant à jouer une pièce « à l’italienne », c’est se cantonner à en réciter le texte par cœur. C’est ce que vous apprendrez peut-être dans ce spectacle hilarant de la compagnie Eulalie, qui propose une plongée absolument réjouissante dans les coulisses du théâtre, y compris dans le jargon propre aux acteurs.

Mise en abîme

Dans Le Jour de l’italienne, une troupe répète L’Epreuve de Marivaux. De la première lecture de la pièce à la veille de la générale, en passant par les répétitions et les ajustements de son et de lumière nécessaires, le public assiste au travail de fabrication du spectacle. Il est littéralement projeté dans l’envers du décor. La pièce se veut un clin d’œil à François Truffaut et à sa Nuit américaine, racontant, en une mise en abîme, la réalisation d’un film.

Evidemment, tout est écrit. Les coups d’éclat, les hésitations, les tâtonnements. Lesquels sont nombreux et très drôles. Tout, cependant, n’est pas dit. Par exemple, le spectateur assiste à la naissance d’une complicité entre les interprètes, dépassant celle qui unit leurs personnages... Cette complicité est seulement suggérée, avec une grande autodérision.


Une interprétation réussie

Les comédiens présents dans l’auditoire seront ici en terrain connu. Etats d’âme, confidences de cafétéria, trous de mémoire au milieu d’un échange, propositions refusées par le metteur en scène, costumes abominables… constituent autant d’échos à leur propre expérience. Les autres seront ravis de se voir ouvrir un espace duquel ils sont d’ordinaire exclus. Si utiliser le théâtre dans le théâtre n’est pas un procédé nouveau pour décrire les ficelles de cet art, ici tout fonctionne parfaitement et le public semble approuver. Il s’esclaffe, hilare, devant le ridicule de certaines situations ou la gaucherie attachante de certains personnages.

Chaque comédien interprète tantôt son propre rôle, tantôt un héros de Marivaux. Sophie Lecarpentier joue la metteuse en scène du spectacle. Pour mieux superviser les opérations, elle est installée à une table au milieu du public, et ce télescopage des espaces contribue à brouiller encore davantage les frontières entre le jeu et la réalité. On relève également les interventions de l’habilleuse, un brin stressée et si drôle, et de l’ingénieur du son, s’exprimant d’une voix de démiurge du haut de sa régie. Reprenant leur propre texte, teinté d’ironie, pourquoi donc ne pas adresser un coup de chapeau à « Sophie et cette équipe vraiment formidable »…

la troupe: a dit…

GOUTEZ A LA PIECE MONTEE !
(Extraits) "Que vous ayez vu ou non la pièce de Marivaux n'a aucune importance. Il ne s'agit pas d'un explication de texte mais de la visite guidée de l'envers du décor. Généreuse dans son propos, ludique dans sa forme, cette création collective de la compagnie Eulalie s'adresse à tous, avec quelques clins d'oeil particuliers envoyés à François Truffaut. Si la Nuit Américaine nous avait dévoilé les dessous de l'écran, Le Jour de l'italienne, lui, illumine les coulisses. Un régal."
Charlotte LIPINSKA METRO

la troupe: a dit…

Le Jour de l’italienne:
Plongez dans les coulisses du théâtre en assistant aux répétitions d’une pièce de Marivaux par la compagnie Eulalie. Un spectacle dirigé par Sophie Lecarpentier et présenté au Théâtre 13 à Paris. Hilarant !

Le saviez-vous ? La « gélatine » n’est pas seulement une gelée alimentaire à base de protéines et d’eau, mais aussi un filtre placé devant un projecteur pour moduler la lumière sur une scène. Un « double take », ce n’est ni le fait de se resservir deux fois d’un plat, ni une combinaison de poker inédite, mais le double mouvement de tête par lequel un comédien peut exprimer la surprise... Quant à jouer une pièce « à l’italienne », c’est se cantonner à en réciter le texte par cœur. C’est ce que vous apprendrez peut-être dans ce spectacle hilarant de la compagnie Eulalie, qui propose une plongée absolument réjouissante dans les coulisses du théâtre, y compris dans le jargon propre aux acteurs.

Mise en abîme

Dans Le Jour de l’italienne, une troupe répète L’Epreuve de Marivaux. De la première lecture de la pièce à la veille de la générale, en passant par les répétitions et les ajustements de son et de lumière nécessaires, le public assiste au travail de fabrication du spectacle. Il est littéralement projeté dans l’envers du décor. La pièce se veut un clin d’œil à François Truffaut et à sa Nuit américaine, racontant, en une mise en abîme, la réalisation d’un film.

Evidemment, tout est écrit. Les coups d’éclat, les hésitations, les tâtonnements. Lesquels sont nombreux et très drôles. Tout, cependant, n’est pas dit. Par exemple, le spectateur assiste à la naissance d’une complicité entre les interprètes, dépassant celle qui unit leurs personnages... Cette complicité est seulement suggérée, avec une grande autodérision.

Une interprétation réussie

Les comédiens présents dans l’auditoire seront ici en terrain connu. Etats d’âme, confidences de cafétéria, trous de mémoire au milieu d’un échange, propositions refusées par le metteur en scène, costumes abominables… constituent autant d’échos à leur propre expérience. Les autres seront ravis de se voir ouvrir un espace duquel ils sont d’ordinaire exclus. Si utiliser le théâtre dans le théâtre n’est pas un procédé nouveau pour décrire les ficelles de cet art, ici tout fonctionne parfaitement et le public semble approuver. Il s’esclaffe, hilare, devant le ridicule de certaines situations ou la gaucherie attachante de certains personnages.

Chaque comédien interprète tantôt son propre rôle, tantôt un héros de Marivaux. Sophie Lecarpentier joue la metteuse en scène du spectacle. Pour mieux superviser les opérations, elle est installée à une table au milieu du public, et ce télescopage des espaces contribue à brouiller encore davantage les frontières entre le jeu et la réalité. On relève également les interventions de l’habilleuse, un brin stressée et si drôle, et de l’ingénieur du son, s’exprimant d’une voix de démiurge du haut de sa régie. Reprenant leur propre texte, teinté d’ironie, pourquoi donc ne pas adresser un coup de chapeau à « Sophie et cette équipe vraiment formidable »…

Amélie Moynot - Le Magazine INFO

la troupe: a dit…

«Le Jour de l’Italienne ou les vraies confidences» :
l'amour du jeu et du hasard

C’est encore un formidable spectacle que propose le Théâtre 13 avec cette mise en abyme des métiers de la scène. En un peu plus d’une heure sont résumés avec une fulgurante intelligence d’écriture et homogénéité d’interprétation deux mois de répétitions autour d’une œuvre de Marivaux. Passionnant de bout en bout.

De quoi ça parle ? Les folles journées d’une troupe en pleine répet’.
Le coup de cœur de Franck Bortelle…

Que peut-il bien se passer en amont de la générale d’un spectacle, lorsque tant de choses sont à régler, mettre au point, mettre en scène, quand il faut penser à tout (et tous) à la fois ? Que cachent ces paroles si souvent prononcées en public et qui certifieraient sur l’honneur que l’harmonie, l’entente et l’amitié sont les moteurs qui ont fait avancer tel ou tel projet ?

On parle souvent de coulisses pour signifier l’envers du décor. On oublie qu’il s’agit surtout de la scène d’une salle vide. Le travail acharné d’une équipe. Un texte à mémoriser. Un souffleur provisoire, souffre-douleur du comédien qui gère mal ses hésitations. Un metteur en scène aux propos parfois fumeux que lui seul peut comprendre. Un éclairagiste qui tente d’en placer une entre deux répliques pour suggérer une idée lumineuse. La costumière constamment sur un fil tendu pour satisfaire tout le monde. Et bien sûr les comédiens, tous persuadés de tenir le rôle-clé même s’ils n’ont que trois répliques. Les comédiens et leurs sautes d’humeur, leurs caprices, leur fragilité…

L’ombre de Truffaut…

Ca dure deux bons mois, toutes ces intrigues. Deux mois dont on ne sait jamais rien. Sophie Lecarpentier nous dit tout ! Absolument tout ! Soixante quinze minutes pour nous résumer deux mois de création, de la première rencontre à la première représentation. Deux mois d’imprévus qu’on tente de maîtriser, de hasards qui seront toujours là. Les affres de la création…

Un brouhaha occupe encore la salle éclairée que des individus s’affairent sur la scène comme pour apporter les ultimes réglages. Font-il partie du spectacle ou sont-ce les protagonistes que nous sommes venus applaudir ? Progressivement le calme se fait et la répétition peut enfin commencer. La répétition et le spectacle, donc. Mise en abyme subtile de ce monde du théâtre, ce « Jour de l’Italienne » nous plonge dans les secrets d’un projet en gestation.

L’ensemble est non seulement divinement écrit mais prend le parti de faire rire sans tomber dans le grotesque de la caricature. Cette autodérision jubilatoire qui emprunte beaucoup au cinéma (comment ne pas penser à « La Nuit américaine » de Truffaut ?) par des procédés de fondus enchaînés prend comme socle littéraire « L’Epreuve » de Marivaux. Œuvre exigeante à l’image de ce projet très casse-gueule. Pourtant la facilité avec laquelle chacun des comédiens se fond dans son rôle est saisissante. La précision millimétrée de la mise en scène pour suggérer ce flottement permanent qui préside à toute préparation de projet constitue l’autre atout à cette réussite majeure. Rien n’est laissé au hasard mais tout cherche à montrer l’inverse. Beau travail !

http://culturecie.com

la troupe: a dit…

STUDIO THEATRE - France Inter
par Laure Adler, le samedi de 18h10 à 19h

Une chronique de Guillaume Charlet

« Le Jour de l’Italienne » est une pièce pédagogique sur les phases de création d’un spectacle, de la rencontre des comédiens lors de la première lecture jusqu’à la générale de presse.
« L’Epreuve » de Marivaux sera le sujet d’expérimentation de Sophie Lecarpentier, metteur en scène, qui joue son propre rôle sur le plateau. Elle nous ouvre les portes de l’élaboration intime du texte de Marivaux à une époque où les répétitions publiques pullulent.
Le spectacle comporte trois épreuves : celle de Marivaux, des répétitions et de la distanciation.
Le texte comme la langue de Marivaux semblent être les premiers remparts à franchir pour les comédiens.
Comment rendre audible une pièce du XVIIIe siècle et l’actualiser sans en perdre la quintessence ?
Alors que les comédiens essayent de se projeter dans l’époque concernée à travers un jeu vocal ou scénique maniéré, le metteur en scène s’évertue à transposer les situations et le langage dans un contexte contemporain expliquant ainsi l’intemporalité de ce texte.
La difficulté de compréhension entre les acteurs et le metteur en scène est souvent de mise dans les premières semaines, Sophie Lecarpentier crée au fur et à mesure des répétitions un discours personnalisé suivant les capacités lexicales et l’émotivité de ses interlocuteurs.
Elle est aussi la garante de l’équilibre fragile d’une troupe où les animosités sont nombreuses, où les groupes et les couples se forment.
La vie personnelle peut dans ces cas-là s’entremêler avec le rôle du comédien et bouleverser son interprétation, sa position scénique et son rapport avec son ou ses partenaires.
« Le jour de l’Italienne » permet de ressentir l’agitation d’un comédien qui continue à courir les castings, à tourner dans des publicités et qui ne peut se concentrer pleinement à la fabrication de son personnage. Prendre en compte l’emploi du temps de chacun fait partie également des obstacles incontournables et non négligeables de la création.
Au milieu des difficultés personnelles, la pièce met en lumière les différents ressorts et ficelles du théâtre.
Qu’appelle-t-on une « Italienne » ou une « Mécanique » ?
Quelle est leur influence dans la connaissance et la conception du texte ?

La répétition est entrecoupée d’apartés avec les protagonistes de la pièce qui nous parlent de leurs rôles et à travers ces derniers, de la reconnaissance d’eux-mêmes dans le métier.
Le rapport de distanciation nous trouble dans cet univers où les comédiens jouent leur propre personnage, avec leur propre nom. On se demande même si leurs différents états d’âme sont de l’ordre du jeu ou de la réalité vécue au quotidien.
Toujours cachés derrière un personnage, les éternels masqués avancent à découvert. La mise en danger n’est plus d’interpréter l’inconnu mais d’apprivoiser et de mettre à nu la carapace charnelle emmitouflée constamment dans des costumes empruntés.
Le metteur en scène nous dévoile ainsi ses stratagèmes de « manipulatrice » pour tirer le maximum de ses acteurs mais risquant désormais d’être percée à jour, elle peut craindre de réduire à néant ses effets de surprise !
Une pièce à montrer aux écoliers pour découvrir l’envers du décor : de la scène aux costumes en passant par la scénographie, vous comprendrez mieux en sortant tous les rouages de cet art si important pour notre culture et pour la communication.

la troupe: a dit…

TT
Pour découvrir l'envers du décor, les secrets de fabrication du théâtre, il faut voir ce "Jour de l'italienne": une création collectiv etrès enlevée, pleine de charme, de justesse et d'auto-dérision sur les deux mois de travail que précèdent la création d'un spectacle, en l'occurrence "L'Epreuve" de Marivaux. Les comédiens répètent, tâtonnent, cheminent; le metteur en scène propose, materne, orchestre, les techniciens du son et des lumières oeuvrent avec discrétion. Entre réalité et illusion, fous rires, soupirs et jeux de masque, le spectacle conçu par Sophie Lecarpentier nous rend complices du travail en train de se faire. c'est une manière subtile, fraîche, très vivante de rentrer dans les arcanes du métier, là où la cuisine se concocte autour d'un projet vraiment collectif avec des matériaux fragiles et inventifs.

TELERAMA
semaine du 13 au 19 mai 2009